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    MATHIEU CASTAGNET, 

    Tous les parents le disent, un enfant n’a pas de prix. Tous les parents le savent, il a tout de même un coût. Définir précisément la dépense engendrée par sa progéniture s’avère néanmoins hautement acrobatique. Au-delà des moyennes peu significatives et des estimations théoriques, le budget varie considérablement d’une famille à l’autre, en fonction de son lieu d’habitation, de la taille de la fratrie, de l’âge des enfants, des revenus des parents et des choix qu’ils opèrent.

     « Chercher un chiffre magique qui résumerait le coût d’un enfant de sa naissance à la fin de ses études est une quête vouée à l’échec », assure Julien Damon, sociologue spécialiste des politiques familiales, pour qui on ne peut parvenir, au mieux, qu’à des approximations. Pour ce faire, les économistes qui se sont penchés sur la question utilisent deux méthodes, l’une fondée sur les dépenses, l’autre sur les besoins.

    Enfant ou adolescent : de fortes différences de budget

    La première approche consiste à tenter de mesurer l’impact des enfants sur le pouvoir d’achat de la famille. L’Insee scrute ainsi régulièrement le budget des ménages pour en isoler les dépenses liées aux enfants. En 2011, la facture des couches, des frais de garde et autres petits pots atteignait ainsi 6 005 € par an en moyenne, pour un ménage avec enfants.

    Une somme qui représente environ 13 % du total du budget familial mais qui masque de très fortes différences. Les enfants de moins de 3 ans donnent lieu en effet à de très lourds frais de garde. À l’inverse, un adolescent va utiliser les mêmes produits que les adultes, ce qui rend sa consommation bien moins détectable.

    Les frais spécifiques sont donc loin de constituer le seul poste du budget familial affecté aux enfants. Il faut y ajouter non seulement le coût d’un logement nécessairement plus grand, mais aussi une part de toutes les autres dépenses (énergie, alimentation, transport, loisirs…).

    Des dépenses proportionnelles aux revenus

    Pour tenir compte de la taille d’un foyer, les statisticiens utilisent donc un modèle en « unité de consommation » où le premier adulte d’un foyer vaut un, le conjoint et les enfants de plus de 14 ans comptent pour 0,5 tandis que les enfants de moins de 14 ans pèsent seulement 0,3.

    Avec ce modèle, le coût d’un enfant vivant avec ses deux parents représente 20 % de leurs revenus s’il a moins de 14 ans, un tiers quand il franchit cette barre. Dans un foyer monoparental, un jeune enfant pèse un tiers du budget, un adolescent 50 %.

     « Cette façon de compter demeure extrêmement théorique et masque d’immenses disparités. Elle ne prend pas en compte le fait que certains ménages bénéficient de logements sociaux et d’autres non, ou que les loyers sont très différents d’une région à l’autre. Malgré tout, cette mesure a le mérite de montrer que les dépenses pour les enfants sont proportionnelles aux revenus du foyer et qu’elles pèsent davantage dans les familles monoparentales »,analyse Bertrand Fragonard, président du Haut conseil de la famille.

    Un calcul à nuancer avec les aides de l’État

    Avec cette formule, le coût de l’enfant est en effet directement indexé sur le niveau de vie de sa famille. Une réalité indéniable. Les enfants ayant des parents capables de leur offrir des voyages lointains, des cours particuliers ou des activités sportives seront évidemment plus « coûteux » que des enfants dont la famille est moins bien lotie.

    Cette évidente proportionnalité mérite toutefois d’être nuancée car le calcul se complique singulièrement si l’on tient compte des aides versées par l’État, sous la forme de déductions fiscales et de prestations sociales.

    Selon les chiffres de la caisse d’allocations familiales, ce coup de pouce représente en moyenne 2 400 € par an et par enfant, une somme payée par la collectivité et non plus par la famille. Pour un quart des familles, surtout les plus pauvres, ces aides compensent au moins la moitié du « coût économique » de l’enfant.

    Le « coût » de l’enfant, au cœur du débat sur la politique familiale

    Déjà complexe, l’équation vire au casse-tête lorsqu’on ajoute les aides de la politique familiale, souvent variables selon les revenus. D’autant qu’il faudrait aussi prendre en compte d’autres données encore moins faciles à chiffrer, comme l’impact de l’arrivée des enfants sur la vie professionnelle des parents.

    Autant d’incertitudes qui nourrissent les débats, toujours vifs, sur la politique familiale. Avec une ligne de clivage entre les défenseurs d’une compensation pour tous du « coût » de l’enfant et les partisans d’aides plus ciblées sur les familles modestes, comme ce sera demain le cas avec la modulation des allocations familiales.

     > Relire : Allocations familiales, le principe d’universalité écorné 

    Pour contourner ces polémiques, d’autres études se sont employées à retourner le problème. En se focalisant non plus sur les dépenses des parents mais sur les besoins des enfants. Reprenant la logique des « budgets types » établis depuis des décennies par l’Union nationale des associations familiales, l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) vient ainsi de publier un rapport éclairant sur le sujet.

    Les besoins d’un enfant estimé à 700 € par mois

    L’organisme rattaché au ministère des affaires sociales a ainsi demandé à des groupes de citoyens de se mettre d’accord sur le panier de « biens et de services nécessaires pour une participation à la vie sociale ». 

    Pour répondre à ces besoins, sans superflu ni privation, le budget idéal d’un couple logé dans le secteur privé, dans une ville moyenne, avec un garçon ayant entre 11 et 14 ans et une fille âgée de 15 à 17 ans, se monte à 3 515 €. Un couple sans enfant pourrait, lui, se contenter de 2 133 €. Par soustraction, les besoins de chaque enfant tournent autour de 700 € par mois.

    Dans la réalité, rares sont les familles à disposer d’une telle somme pour chacun de leur enfant. D’autres, au contraire, seront en mesure de dépenser bien davantage. Pourtant, même éloigné de la réalité, ce chiffrage donne une idée de ce que pourrait coûter l’éducation d’un enfant, dans une famille vivant sereinement. Multipliée par 12 mois et 18 années, la « facture » grimpe à 151 000 €.

    Le soutien financier parental perdure souvent après 18 ans

    Mais, là encore, la théorie se heurte à la réalité. Le coût d’un enfant varie beaucoup avec l’âge et, surtout, le soutien des parents ne cesse pas brutalement à 18 ans. « Contrairement à ce qui se passait il y a vingt ans, les enfants restent financièrement dépendant de leurs parents bien après leur majorité, souvent jusqu’à 25 ans, parfois 30 », insiste Thierry Vidor, directeur général de Famille de France.

    Chaque parcours étant forcément unique, il ne peut donc exister de formule globale pour estimer les dépenses nécessaires à l’éducation d’un enfant. Entre l’idéal et le possible, les parents jonglent selon leurs moyens et leurs priorités. Avec la certitude qu’avoir un enfant reste, quoi qu’il en coûte, parfaitement inestimable.

    MATHIEU CASTAGNET
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