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  • La deuxième vie de la tontine

    Article paru dans LE MONDE POUR DIRECTMATIN | 05.09.2007 à 10h49 • Mis à jour le 05.09.2007 à 10h49 |Par Anne Rohou



    Dans les cités, pratiquement toutes les femmes ont recours à la tontine. C'est une pratique très répandue. Lancée par les femmes d'Afrique de l'Ouest, "elle touche maintenant toutes les communautés", constate Adoulé Ankrah, de l'association Génération femmes à Evry.

    La tontine est un mode d'épargne parallèle et solidaire. Un groupe d'une dizaine de femmes fixe la somme que chacune versera chaque mois dans un pot commun. Les mensualités s'échelonnent entre 50 et plusieurs centaines d'euros, pendant dix mois ou plus. La cagnotte ainsi constituée est redistribuée le même jour de chaque mois, à tour de rôle, à chacune des femmes du groupe. "L'avantage est qu'on peut avoir une grosse somme d'argent rapidement. Et, contrairement au crédit bancaire, il n'y a pas d'intérêts à payer", souligne Adoulé Ankrah.

    Au centre social L'Amandier, au pied des tours du quartier de la Croix-Blanche à Vigneux-sur-Seine, Yacine Diop, originaire du Sénégal, a rallié auprès d'elle des femmes de Tunisie, du Maroc, d'Algérie, d'Inde, des Antilles... Chacune cotise à hauteur de 50 euros par mois, pour un gain final de 600 euros. Une fillette tire au sort les noms des onze amies mélangés dans une boîte. La première raflera la mise le premier mois, la seconde le deuxième mois, etc.

    "Ma tontine me permet d'aider ma soeur, qui a six enfants au Sénégal", explique Yacine. Fatma financera une partie de ses vacances au bled. L'argent sert aussi à constituer la dot d'une future mariée, financer un pèlerinage à la Mecque ou même acheter un terrain au pays. "Cela marche d'autant mieux que la religion musulmane interdit de toucher des intérêts sur de l'argent", analyse Tania Nsakama, de l'Adie, Association pour le droit à l'initiative économique, pionnière du microcrédit en France. "On voit beaucoup de femmes attendre impatiemment leur tour pour acheter des stocks de tissu, des statuettes ou des produits alimentaires exotiques qu'elles revendent au porte-à-porte", raconte-t-elle.

     

    La tontine n'est pas seulement une affaire d'argent. "Les femmes du groupe appartiennent souvent à la même ethnie, au même village. Je connais des personnes qui viennent de Mantes-la-Jolie (78) pour remettre leur argent à Evry, explique Adoulé Ankrah. On se retrouve autour d'un repas. C'est l'occasion de parler du pays." Le succès de la tontine n'est pas étonnant quand on sait que 40 % de la population française est exclue du prêt bancaire et que cette proportion culmine dans les quartiers populaires.

    Non reconnue légalement, la tontine peut paradoxalement servir de pont vers le système bancaire, selon Christel Dubroca, de l'association Essonne active, spécialisée dans le micro-crédit : "Pour nous, la tontine facilite l'insertion bancaire, car elle permet d'acquérir un apport personnel suffisant pour rassurer les banques et enfin débloquer un prêt." 

    Anne Rohou

    Une pratique née en 1650

     

    La tontine, vient du nom d'un financier italien, Lorenzi Tonti, qui convainquit Mazarin, en 1650, d'utiliser cette nouvelle forme d'emprunt. Elle prend aujourd'hui plusieurs formes. Au lieu d'argent, les femmes des cités peuvent aussi cotiser en pagnes pour la constitution d'une ample garde-robes ou en or pour la fabrication de bijoux. Dans la communauté asiatique, la tontine rassemble plutôt des porteurs de gros projets. Le système est identique mais les mensualités plus élevées s'échelonnent parfois sur plusieurs années.

     

     

     

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